Pourquoi ne pas être plus clair sur la puissance utile et le vrai coût d’investissement des énergies intermittentes ? Pourquoi ne pas normaliser la façon de les calculer ? Si l’éolien ne produit que le tiers du temps, il faudrait en toute honnêteté diviser par 3 la puissance annoncée. Ceci quand on la compare à celle d’une installation qui n’a pas ce défaut, c’est-à-dire une installation pilotable qui garantit une puissance disponible à tout instant pour répondre à la demande (hors maintenance bien entendu). Mais alors il faudrait adjoindre un stockage à l’éolien, pour en faire un système de production continu, ajustable à la demande, ce qui n’est pas du tout le cas pour les énergies intermittentes sans stockage...

Or stocker l’électricité est difficile et coûteux. On peut faire l’exercice – très théorique - en se basant sur les batteries géantes « Mégapack » que fabrique TESLA. Pour reproduire le fait que l’éolienne ne fonctionne que le tiers du temps, on supposera qu’un jour de grand vent est suivi de 2 jours sans vent, toute l’année. On va stocker la production journalière d’une éolienne géante de 10MW pour pouvoir la redistribuer les 2 jours suivants. Pour cela (voir la feuille de calcul en PJ) il faudrait lui associer plus de 60 batteries géantes « Mégapack » de 3 MWh, soit un investissement de environ 50 millions d’€. Et encore, cette solution serait peu efficace, car la probabilité est forte d’avoir plutôt besoin de faire face à 8 jours sans vent, ce qui conduirait à quadrupler cet investissement.

Une éolienne flottante de 10 MW ne coûte « que » 30 millions d’€. Il faut rajouter le raccordement (hors cahier des charges), qui coûte – si le parc n’est pas trop loin en mer - 10 millions d’€ (payés par l’Etat). Si on lui rajoute un système de stockage de 50 millions d’€ on atteint un coût total, pour un scénario de stockage minimum, de 90 millions d’€. Soit plus de 3 fois le prix annoncé pour l’installation de l’éolienne seule… Impensable !

Ainsi, pour un prix donné, le coût du service rendu est sous-estimé d’un facteur au minimum égal à 9 (3 pour la puissance, et 3 pour le coût) !  Une éolienne est « vendue » 30 millions d’€ pour 10 MW comme s’il s’agissait d’une puissance disponible, soit 3 millions d’€ par MW. En réalité avec un stockage, elle ne garantirait comme puissance disponible en continu que 3,3 MW. Et c’est (au minimum) 90 millions d’€ qu’il faudrait investir au total pour lui adjoindre des batteries qui atténueraient un peu les problèmes d’intermittence.

Total et résultat, près de 27 millions d’€ par MW au lieu des 3 annoncés. Presque 10 fois plus. Simple erreur?

 

Au lieu de ceci, on nous sert… un grand n’importe quoi. Par exemple :


Le sempiternel équivalent de la consommation électrique de centaines de milliers d’habitants, faribole…


A propos du parc de la baie de Saint Brieuc la Ministre (qui au passage se méprend sur les notions de puissance et d'énergie) annonçait dans une interview donné à Ouest-France le 15 avril 2021 : « Ce parc sera un nouveau cœur électrique pour la Bretagne. Il produira 500 MW, soit l’équivalent de la consommation électrique de 835.000 habitants ». Cela ne veut tout simplement rien dire.

Prenez d’abord l’information sur la puissance : si on dispose de 500 MW, donnés pour la force 7 (vent de 50 à 60 km/h, ce qui n'est pas si courant, même au large), cette puissance n’est plus que de 60 MW à force 4 ("jolie brise" avec un vent de 20 à 28km/h et des moutons sur la mer) et il ne restera que quelques MW par petite brise… Difficile de satisfaire la demande dans ces conditions très variables et par ailleurs fort aléatoires, car ce parc n’a pas de stockage d’électricité.

Quant à la production en énergie d’un parc d’éoliennes les chiffres fréquemment repris par la presse sont souvent  abusifs. En réalité, une éolienne flottante de 10 MW ("une géante") fonctionnera 3.000h/an (en équivalent pleine puissance, ce qui est cohérent avec des mesures en mer) et produira donc 30.000 MWh par an (30 millions de kWh). D’après l’Agence Internationale de l'Energie (Statistiques OCDE/AIE) la consommation électrique globale de la France, ramenée à un habitant, s’établit autour d’une valeur stable de 7.000 kWh/an. En ordre de grandeur donc, une éolienne flottante de 10 MW couvrirait les besoins électriques globaux de 4.300 habitants. Et encore, cela ne concerne que leur consommation électrique, et suppose que cette consommation se fasse … quand il y a du vent, puisque l’on n’a pas prévu de stocker cette énergie intermittente, et que le surplus sera soldé ou perdu.

A l’échelle de l’usine éolienne de la baie de Saint-Brieuc cela donne un potentiel théorique de 215.000 habitants desservis, au lieu des 835.000 annoncés par Madame la Ministre, soit un rapport proche de 4. On retrouve à peu près systématiquement ce rapport 4 avec la réalité, dans la littérature des promoteurs de l’éolien. Simple erreur ?

Je laisse le soin à tout scribe patenté du Maître d’Ouvrage, de remplir les cases « Commentaires » ci-dessous avec une envolée de chiffres, de porter la contradiction à cette démonstration, et d’affirmer comme on l’a déjà lu, que l’intermittence n’est pas une tare de l’éolien mais bien plutôt du nucléaire.


 

FEUILLE DE CALCUL


·      Cas d’école : Éolienne de 10 MW = 10 000 kW

·      Facteur de charge (rapport entre ce qu’elle va réellement produire dans l’année et ce qu’elle aurait produit en étant toute l’année à puissance nominale) : FC = 33%

·      Production journalière à la puissance nominale : 10 MW x24h = 240MWh = 240 000 kWh

·      Pour représenter un FC de 33%, on supposera qu’un jour de grand vent est suivi de 2 jours sans vent, toute l’année. C’est un cas extrêmement favorable pour dimensionner la capacité de stockage, car la probabilité est forte d’avoir besoin de faire face par exemple à 8 jours sans vent, ce qui conduirait à quadrupler cet investissement.

·      Rendement du stockage par batteries : 85%

·      Coût d’un système Mégapack (batteries + onduleur + électronique) : selon les sources de 300 à 500 $ par kWh. Prenons le plus bas : 270 € / kWh

·      Capacité de stockage demandée : (240.000kWh/3j x 2j)/85% = 188.000 kWh

·      Nombre de batteries géantes Mégapack de 3 MWh : 188 / 3 = 63

·      Coût du système de stockage : 188.000 x 270 = 50,76 millions d’€